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Ronan Bouroullec « Clair-obscur »

04 septembre - 01 novembre, 2025

Galerie kreo
31, rue Dauphine
75006 – Paris
Ronan Bouroullec  - Ronan Bouroullec « Clair-obscur »

La Galerie kreo est heureuse de présenter la nouvelle exposition de Ronan Bouroullec.

Cette nouvelle collection prolonge la réflexion de Ronan autour de la lumière — sa manière d’habiter la matière, de la soulever, de l’ancrer, de lui donner forme.
Des structures élancées, suspendues dans l’espace et ponctuées de halos de verre, se tiennent à mi-chemin entre le dessin et la sculpture.
Une tension s’installe alors entre fragilité et rigueur, légèreté et structure.

C’est un ensemble de lumières -mot plus adapté que lampes ou luminaires, techniques et presque triviaux- que présente Ronan Bouroullec à la Galerie kreo. Chacune d’entre elles est composée de deux éléments de fin verre soufflé : un globe opalin blanc, diffusant la lumière, inscrit dans une corolle transparente, grise ou ambre, qui, selon l’angle de vue, la filtre ou la reflète.

Elles sont, le plus souvent, reliées à d’autres éléments identiques par des tiges d’aluminium massif anodisé noires ou grises -le dessin, les détails d’assemblage, la tension des arêtes en sont d’une qualité de précision quasi horlogère- pour former des ensembles de 3, 4, 9, 15 ou 20 lumières, associées en lignes verticales, cercles ou grilles.

La sphère lumineuse insérée au centre d’une corolle de verre, de métal ou de perspex est l’un des fondamentaux du vocabulaire formel des designers’ lights, de Fontana Arte à BBPR ou Gino Sarfatti ou même Pascal Mourgue. Mais ce n’est pas tant à l’histoire du design que renvoient les pièces présentées ici par Ronan Bouroullec qu’à celle de l’art minimal.

On peut lire cette référence dans le répertoire des matériaux – le métal anodisé qui évoque les Progressions ou les Stacks de Donald Judd-, des formes -on pense au disque Untitled (1968) du Moma de Robert Irwin, ou des effets -le halo des néons de Dan Flavin. Mais elle est plus présente encore dans l’importance des enjeux de perception et de relation à l’espace ici mis en jeu.

Fondée sur un système de combinatoires et de répétitions -caractéristiques du minimalisme tant en sculpture qu’en musique- la composition des lumières de Ronan Bouroullec se développe de manière potentiellement infinie. Leur dimension est déterminée par l’espace dans lequel elles s’inscrivent, et dont elles viennent modifier la perception. Elles jouent sur les différents états simultanés de la lumière : diffusée, filtrée, réfléchie, projetée. La perception en est double, selon que la source de lumière est dirigée vers le mur- flottement, mystère- ou vers le spectateur – cercles, auras. Pour citer Robert Irwin : « la question n’est pas de faire des objets… ce qui nous occupe, c’est notre état de conscience et la forme de nos perceptions ».

Le travail de Ronan Bouroullec sur la lumière est marqué depuis l’origine par une forme de tension entre deux pôles opposés. Celui de l’abstraction (Luce Orizzontale et Luce Verticale en 2020, Luce Sferica en 2025) et celui de l’évocation d’une image (notamment à l’œuvre dans les séries Bells, en 2005, puis Conques et Lianes en 2010, ou Chaînes, en 2016, temps forts de sa collaboration au long cours avec la Galerie kreo). Une forme d’oscillation entre la priorité donnée d’un côté aux enjeux de la forme et de l’autre à ceux de la perception. Cette nouvelle proposition se situe résolument du côté abstrait, du côté phénoménologique. « What you see is what you see », selon la formule par laquelle Franck Stella établissait l’essence même du minimalisme.

Minimalisme. Le terme est délicat à employer, tant les poncifs du design contemporain l’ont chargé de connotations de simplisme, d’ennui et de paresse. Si Ronan Bouroullec se le réapproprie, c’est pour le recharger des qualités exactement inverses. La délicatesse, la subtilité, la sensibilité, le trouble.

Il lui restitue un esprit dont Pascal évoquait ainsi les principes : « On les voit à peine, on les sent plutôt qu’on ne les voit, on a des peines infinies à les faire sentir à ceux qui ne les sentent pas d’eux mêmes. Ce sont choses tellement délicates, et si nombreuses, qu’il faut un sens bien délicat et bien net pour les sentir ». Cet esprit porte un nom : l’esprit de finesse.

Martin Bethenod

© Alexandre de Cossette
© Morgane Le Gall

Images de l'exposition

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Ronan Bouroullec (*1971) est un designer et artiste français installé à Paris. Avec son frère Erwan, ils ont travaillé pendant vingt ans, sous le nom Studio Ronan & Erwan Bouroullec, avec des éditeurs comme Artek, Alessi, Flos, Hay, Kartell, Ligne Roset, Samsung et Vitra, et conçu des pièces exceptionnelles en édition limitée avec la Galerie kreo. Il travaille désormais de façon indépendante aussi bien dans le domaine industriel qu’avec la Galerie kreo. En tant qu’artiste, Ronan Bouroullec crée des dessins méticuleux et délicats dans lesquels il répète des séquences de lignes à la main, avec un feutre-pinceau japonais, ainsi que des sculptures et des bas-reliefs en céramique...

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